Conseils de lecture
le fils
D'abord, il y a le patriarche, Eli, enlevé puis élevé par les Indiens, avant de revenir vers le monde des Blancs et de devenir le plus grand propriétaire de ranch du Texas puis le plus grand magnat du pétrole. Ensuite il y a le fils, qui ne comprend pas le monde de la Frontière et sa sauvagerie. Enfin, il y a l'arrière-petite fille, très riche héritière d'un monde qui se délite mais qu'elle ne parvient pas à réparer. Sans doute parce qu'il n'y a plus rien à réparer : les valeurs qui ont dominé ce monde de cow-boys ont disparu, la terre est devenue stérile à force de sur-exploitation, le pétrole s'épuise peu à peu... A travers cette grande fresque sur l'histoire du Texas, Philipp Meyer nous brosse un portrait de l'Amérique et même de l'Occident en général.
Un roman qui donne de l'épaisseur à l'Histoire et qui raconte l'effondrement de ces cultures qui épuisent peu à peu ce sur quoi elles ont grandi et prospéré.
Les Cahiers de Delphine
Quatre petits cahiers réunis dans un coffret, soit un cahier par saison pour décliner les aliments du moment à cuisiner simplement et ingénieusement.
Pour le printemps par exemple, Delphine vous propose une caesar salade au chou blanc, des petits navets au citron, des samossas aux épinards et au chèvre frais, du lapin confit à l'ail nouveau, du carpaccio d'ananas, du clafoutis aux cerises (évidemment!) et tant d'autres recettes simples et savoureuses. Delphine cuisine les restes et aussi les fanes parce qu'acheter de bons aliments, ça coûte cher, alors autant en perdre le moins possible !
Des recettes courtes, faciles à réaliser, inutile d'avoir beaucoup de matériel pour ces plats qui sont faits pour le quotidien et les rencontres entre amis. La cuisine de Delphine est généreuse, conviviale et à la portée de tous.
Ces recettes qui étaient éparpillées dans les différents numéros de la superbe revue culinaire 180°C sont maintenant réunies pour une utilisation plus simple. Idéal pour renouveler efficacement ses recettes sans se ruiner.
Cette BD est tout simplment un chef d'oeuvre
David Smith est un sculpteur au succès aussi fulgurant que précoce. Mais l'art contemporain est d'une nature volatile, il se détourne facilement de ses gloires présentes pour de nouveaux prodiges. D'autant plus que l'incroyable notoriété de David lui est monté à la tête et a provoqué une rupture avec son principal mécène. A partir de ce moment, la chute est rude et interminable : David n'a plus la côte et sombre dans l'alcool et la pauvreté.
C'est lors de l'une de ses beuveries qu'il rencontre son oncle Harry. Commence alors une discussion surréaliste, ceci d'autant plus que l'oncle Harry est... déjà mort ! Mais qui est vraiment Harry? Qui se cache derrière cette soudaine apparition ? Toujours est-il que cette rencontre inattendue débouche sur ce qui ressemble fort à un pacte avec le diable. Un véritable drame antique commence, entre amour, trahison et choix cornéliens. Tous les ingrédients sont présents pour un scénario d'une richesse incroyable, d'une sensibilité rare.
Scott McCloud n'est pas moins qu'une bible vivante de la bande-dessinée, auteur des excellents et passionnants L'Art Invisible et Faire de la bande-dessinée, ouvrages théoriques et tout en bulles traitant l'art de la bande-dessinée.
Quand celui-ci décide de s'attaquer à l'élaboration d'un roman graphique, autant dire que tous mes sens sont en éveil. Et une fois la lecture entamée, quelle claque ! Je ne connais pas d'auteur capable d'avoir un dessin pareil, où une planche est capable de mêler la force de mouvement des comics, et un trait unique entre manga et franco-belge selon les sujets : le tout dans les uniques couleurs noire et bleu pétrole. Tout respire l'amour de son art, et pourtant ce livre est aussi moderne qu'unique. Le scénario sert le dessin, et le dessin permet des prouesses scénaristiques.
Scott McCloud rend un incroyable hommage à la bande-dessinée sur 496 pages dont chacune est indispensable. Je me contente de rendre hommage à un virtuose de la bande-dessinée.
Quand le BD sert l'Histoire
Marcelino Truong est illustrateur et peintre. Cela à son importance car, quand il décide de s'attaquer à la bande-dessinée, il nous offre un dessin et une mise en couleur absolument magnifiques. Mais aussi prodigieuses puissent être ses planches, elles existent pour servir une histoire et surtout pas le contraire.
Give Peace a chance est le second volet de l'histoire de la famille Truong, suite de Une si jolie petite guerre (Denoël Graphic). Le premier volet de l'histoire familiale raconte le retour de toute la famille au Vietnam, après quelques années passées à Washington dans le sillage du père de famille, diplomate de son état. Ce retour au pays coïncide avec la montée des tensions entre nord et sud pour ce qui débouchera sur un conflit emblématique du XXème siècle, la guerre du Vietnam. Give peace a chance reprend le fil de l'histoire familiale à partir de leur arrivée à Londres, Mr Truong père y étant missionné pour l'ambassade du sud Vietnam. La guerre est déclarée entre le nord tenu par les Viet-Cong et le sud sous « protectorat » américain. M. Truong nous raconte cette position de spectateur impuissant d'une guerre et d'alliances de plus en plus désastreuses. Il porte la parole d'une famille du sud Vietnam, peuple oublié dans un conflit ancré dans l'inconscient collectif comme étant entre les États-Unis et les communistes Viet-Cong.
Imaginez un jeune Vietnamien en Europe durant cette guerre, cela revient à vivre dans un paradoxe constant. Les enfants Truong sont systématiquement associés aux Viet-Cong par les occidentaux, quand leur peuple, leurs proches, sont menacés de mort par ces derniers. Et quand ils rentrent dans leur foyer ils sont pris en tenaille entre une éducation très stricte et le foisonnement de l'Angleterre de 1968. Il s'occidentalisent trop selon leur père, eux veulent s'intégrer. Ajoutez à cela une mère bipolaire, un père en rupture avec son pays dont il condamne les choix politiques, vous avez tous les ingrédients pour que le destin familial tourne au drame.
M. Truong est bien trop subtil pour nous offrir une issue théâtrale, il se contente, avec son histoire, de nous raconter l'Histoire.
Quel retour aux connaissances pluri-disciplinaires !
Petite nouvelle dans le paysage des revues trimestrielles, Reliefs a pour ambitieux projet est de nous offrir à la fois de l'aventure, des sciences, de la géographie, de l'histoire et de la littérature. Sur 200 pages impeccablement mises en forme, Reliefs n'a d'ambition, et quelle ambition, que de provoquer notre curiosité à travers des portraits, des documents iconographiques, des portfolios mais aussi des grands sujets, les abysses dans ce premier numéro. Ce thème des abysses nous amène à nous frotter avec la même joie à un passionnant article sur l'exploration (et la méconnaissance) des grands fonds marins, les enjeux internationaux autour des câbles de fibre immergés, un extrait de Vingt mille lieux sous les mers de Jules Verne, et une interview de Jacques Rougerie, « merien » particulièrement inventif. Nous voici nous promenant entre géologie, géopolitique, biologie, architecture et littérature. Le mélange est incroyablement réussi. Les auteurs de Reliefs ont tout fait pour que la revue serve ses sujets et uniquement ses sujets : des illustrations magnifiques, des photographes et des intervenants spécialistes de leurs sujets.