Yv

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Je lis, je lis, je lis, depuis longtemps. De tout, mais essentiellement des romans. Pas très original, mais peu de lectures "médiatiques". Mon vrai plaisir est de découvrir des auteurs et/ou des éditeurs peu connus et qui valent le coup.

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23 décembre 2016

Xavier Hanotte est généreux, il écrit, non pas un, ni même deux, mais trois romans en un. Le premier, celui qui ouvre Du vent, est celui du lieutenant Bénédicte Gardier qui arrive dans sa nouvelle affectation et qui, avant de prendre ses fonctions descend dans un hôtel dans lequel elle est immobilisée et ficelée pendant que son agresseur, Sophie Opalka prend sa place.

Le deuxième est celui de Lépide qui contre la volonté d’Octave entre en Sicile et avance en gagnant ses batailles. Il sait qu’Octave lui en voudra, d’autant plus que Lépide a la fâcheuse tendance à ne pas exécuter ses adversaires.


Enfin, le troisième roman est celui de Jérôme et Jérémie.

Ces trois histoires forment un roman profond et léger, d’un humour à la Devos, absurde et érudit, intelligent quoi. A l’instar de son personnage Xavier Hanotte est minutieux et si le diable n’est pas forcément dans ses détails, l’humour lui, y est, d’abord parce qu’il s’amuse à nous raconter comment il a récolté tel ou tel particularité de telle ou telle corde, son immersion au sein d’un magasin de bricolage est une scène joyeuse, et ensuite parce qu’une fois qu’il a les informations, on les attend dans le récit, et lorsqu’on les lit, c’est la récompense ultime. Ce qui, pour certains, pourrait paraître comme des digressions oiseuses, des divagations ou des danseuses d’auteur intellectuel est ce qui m’a fait le plus d’effet, j’ai ri, souri (un peu moins sur le roman sur Lépide, moins drôle et un peu plus long). Mais franchement, avez-vous lu des lignes plus belles et plus drôle bien qu’inutiles au déroulement de l’histoire que celles-ci :

"Le soir tombait avec nonchalance. Dans les coulisses du firmament, le soleil invisible pliait bagage à l’anglaise, trop honteux de sa prestation du jour pour conférer à son coucher une quelconque solennité. Profitant de sa dérobade, le ciel et la terre essayaient des cocktails variés de gris qui, avec la lenteur propre aux crépuscules, teintaient indifféremment les campagnes rases, les bois dévêtus et les bourgs engourdis."(p.325) ?

Xavier Hanotte aborde pas mal de thèmes dans son roman, mais l’essentiel est celui de l’écriture, du travail de l’écrivain et surtout la littérature. Comment naît-elle ? Commente et qui décide de ce qui est littérature ou pas ? L’éternelle question sur la bonne ou la mauvaise littérature : les livres de Jérémie sont-ils moins nobles que ceux de Jérôme ? Il est un fait que certains sont plus exigeants à lire et à écrire car écrits dans un langage plus soutenu et demandant une documentation importante. Du vent est un pur plaisir à lire, on croise les histoires sans se perdre, mais au contraire avec l'envie de retrouver chaque héros. Malgré un fond sérieux et cartésien, au départ au moins, le livre part et se déconnecte de la réalité, l’auteur n’hésite pas à recourir à des explications ou des personnages étonnants et barrés.

Décidément, j'aime celle collection chez Belfond grâce à laquelle je découvre un auteur belge qui écrit depuis une vingtaine d'années. Franchement -si je suis les conseils de l'éditeur, je devrais arrêter adverbes et adjectifs... j'essaie- n'hésitez pas à lire Du vent, je me suis régalé de bout en bout. Lu et approuvé.

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9 décembre 2016

Deuxième tome des aventures de Victor Dauterive, agréablement lancées avec L’affaire des corps sans tête. Dans ma recension de ce premier opus, j’avais évoqué quelques minimes réserves, notamment l’une sur la mise en page, corrigée sur le deuxième ; aussi je me permets de réitérer celle concernant la longueur de l’ouvrage, toujours un peu trop mou à certains moments – cela n’engage que moi –, comme s’il fallait atteindre 400 pages à tout prix. Je ne résiste pas non plus à la vacherie de signaler pas mal de coquilles jusque dans la note au lecteur précisant le travail d’écriture et de documentation. Documentation justement, importante et nécessaire : le livre fourmille de détails, de pans de l’histoire par moi oubliés. Je dois dire que je connais assez succinctement l’histoire de la Révolution et je sais gré à JC Portes de m’instruire. Parce que c’est vraiment le cas, il m’apprend plein de choses sur cette période et sur certains personnages de l’époque tels Danton qui fut longtemps rémunéré par le roi pour un éventuel retour au pouvoir, ou Olympe de Gouges, ou encore Choderlos de Laclos plus connu maintenant pour son roman Les liaisons dangereuses que pour ses activités politiques… J’adore cela, apprendre dans une forme de légèreté qu’est le roman populaire. Parce que je viens de finir un vrai roman populaire : un livre qui devrait plaire au plus grand nombre et qui parle des gens et de notre histoire. Il est bâti comme les modèles du genre : contexte fort, personnages archétypaux –ce n’est pas une critique négative, l’archétype est nécessaire dans ce genre-, relations entre la fiction et le réel, intrigue, suspense, ...

Victor Dauterive est un garçon volontaire et droit, sympathique même s’il est un peu bourru et s’emporte aisément. L’enquête qu’il doit mener n’est pas simple et les rebondissements jusqu’à la toute fin ménagent le suspense. JC Portes maîtrise son intrigue et la manière de nous la proposer, il nous balade, nous met sur de fausses pistes ou supposées telles ; à l’instar de l’enquêteur, le lecteur se trompe, mais bien mené, il revient dans le bon chemin. Peut-être aurait-ce été une bonne idée que d’aller un peu plus loin sur l’homosexualité à l’époque –pénalisée, évidemment-, car s’il en est fait pas mal mention, on reste un peu en surface ; de même pour les enfants des rues… Mais tout cela pourra sans doute faire l’objet d’un troisième ou quatrième tome ?

Mis à part mes -petits- bémols, j’ai plongé dans ce roman historico-policier comme je l’avais fait pour le premier, et comme je le ferai très volontiers pour le suivant, car je ne doute pas que suivant il y aura. La série s’annonce donc hautement addictive.

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9 décembre 2016

Est-il bien nécessaire de faire un résumé des œuvres présentées dans ce livre ? Bon, on ne sait jamais, cela peut être utile.

Candide grandit dans un château en Westphalie, sans doute fils naturel de la sœur du baron de Thunder-ten-tronckh. Il suit avec les enfants du baron, Cunégonde et son frère, l'enseignement du philosophe de l'optimisme, Pangloss. Candide est brutalement mis à la porte le jour où le baron le surprend à embrasser, derrière un paravent, Cunégonde. Livré à lui-même, il vivra des aventures folles, un optimisme fermement ancré en lui.

Micromégas est un géant savant de plusieurs kilomètres de haut qui découvre les hommes et leurs discours.

Zadig est un jeune homme philosophe qui se retrouve à vivre des aventures en Orient.

Evidemment, des trois, Candide est le plus connu, celui qui a fait une grande partie de la renommée de son auteur. Déjà lu et donc relu avec toujours autant de plaisir. C'est un conte philosophique qui s'il semble dépassé par quelques côtés, est toujours d'actualité dans ses diverses dénonciations : la religion dans ce qu'elle a de pire, c'est à dire la surveillance de l'âme et des comportements des gens, mais aussi l'esclavage, lisez ce que dit l'esclave auquel il manque une main et une jambe et que Candide rencontre au Surinam :

"On nous donne un caleçon de toile pour tout vêtement deux fois l'année. Quand nous travaillons aux sucreries, et que la meule nous attrape le doigt, on nous coupe la main ; quand nous voulons nous enfuir, on nous coupe la jambe : je me suis trouvé dans les deux cas. C'est à ce prix que vous mangez du sucre en Europe." (p.90)

Ce récit est une suite d'aventures rocambolesques, toutes plus folles les unes que les autres qui donnent à réfléchir sur le sens de la vie humaine, sur ce qu'en font les hommes, sur leur manie de tout salir : "Croyez-vous, dit Candide, que les hommes se soient toujours mutuellement massacrés comme ils font aujourd'hui ? qu'ils aient toujours été menteurs, fourbes, perfides, ingrats, brigands, faibles, volages, lâches, envieux, gourmands, ivrognes, avares, ambitieux, sanguinaires, calomniateurs, débauchés, fanatiques, hypocrites et sots ?" (p.102)

Il y a beaucoup à dire sur l'œuvre de Voltaire et particulièrement sur ses contes philosophiques. Je ne m'étendrai pas sur le sujet par manque d'espace et de capacités et si je me suis un peu attardé sur Candide, c'est parce qu'il est le premier du livre, et puis c'est un tel plaisir que de le lire et le relire... Une très belle idée que cette édition dans la collection La bibliothèque des classiques. Petit ouvrage qui tient dans la poche, belle jaquette, tranches de pages dorées. Deux seuls petits bémols, ouvrage "imprimé en Chine", bon c'est sûrement pour le bas prix et police de caractère assez petite mais le format compact oblige à des choix. En tous les cas, très beaux textes à lire et faire lire et en plus beaux livres (parce que j'en ai deux autres à la maison, Dostoïevski et T. Gautier) que l'on aura plaisir à offrir. Les fêtes approchent...

Cohen & Cohen éditeurs

23,00
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9 décembre 2016

Roman d’espionnage et d’histoire contemporaine absolument réjouissant. Extrêmement documenté même si je ne saurais pas dire ce qui est de la vérité ou de la fiction, il se lit sans s’arrêter, avec avidité. Michel Dresch pose des questions qui mettent le doute en nous : certes, Mitterrand a fait entrer des communistes au gouvernement au grand dam des Etats-Unis de Reagan et de l’Angleterre de Thatcher, mais il est troublant de se remettre en mémoire qu’il n’a jamais contesté une décision étasunienne, engageant même la France dans la guerre du Golfe. La thèse défendue par Aurélie est osée mais elle se tient. Elle nous replonge dans la France des années 80/90, de l’histoire contemporaine donc, ce qui, pour les lecteurs de ma génération est un vrai plaisir, né au mitan des années 60, sous de Gaulle, mon premier vote à une élection présidentielle fut pour Mitterrand, ça marque. Mais évidemment, ce roman n’est pas fait uniquement pour nous les - très récents- quinquagénaires, les plus jeunes et les plus anciens peuvent aussi s’y sentir très bien.

Michel Dresch est habile, il nous balade dans Paris et alentours et dans les services de police et d’espionnage, une dose d’espionnage ici, une de meurtre là et le tour est joué, le lecteur est ferré définitivement. Son récit est vif, construit en chapitres assez courts qui alternent les points de vue, accessible, la langue est fluide non exempte d’un certain humour :

"Emma, qui estimait que son mari était un des meilleurs experts de la place en matière de politique étrangère, l’avait interrogé sur les révolutions arabes. Trighton lui avait confié un scepticisme de bon aloi puis il était allé grignoter et siroter un verre de lait dans la cuisine. Manger du pop-corn et boire du lait avant de se mettre au lit, c’était une habitude américaine, une habitude de l’Amérique profonde." (p.29)

Le romancier sait aussi accélérer son histoire pour lui redonner de l’énergie, ménager ses effets et ne pas hésiter sur les rebondissements ; tout pour plaire et passer un excellent moment.

Cohen& Cohen ne fait pas que la série Art Noir –dans laquelle l’auteur à publié Le plasticien- Rien que des soupçons, cet excellent roman à ne pas rater fait partie de la collection Bande à part.

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9 décembre 2016

Cette première du métro parisien, Nicolas d'Estienne d'Orves décide de la jouer avec une machine à remonter le temps, procédé pas forcément nouveau mais qui fonctionne plutôt bien ici. Sylvain Chauvier décide donc de remonter le temps et de perturber par différentes méthodes, le futur de Paris : il rencontre Malraux jeune, Pompidou bébé... Mais sa grande oeuvre, il la garde pour le métro.

Ce court roman est bien agréable et ressort de cette collection un peu décevante - à part le Jaenada, Spiridon superstar. Ce qui lui donne cet aspect, c'est l'écriture de Nicolas d'Estienne d'Orves, à la fois simple et travaillée, émaillée de quelques mots savants ou noms propres par moi inconnus et pleine de sous-entendus, de sourires. Une belle langue que j'avais déjà appréciée dans "La dévoration". Rien de macabre cette fois-ci, que du léger et du divertissement instructif. Fulgence Bienvenüe est mis à l'honneur en tant qu'ingénieur co-concepteur du métro - avec Edmond Huet -, la prouesse technologique passe au second plan mais elle est bien décrite dans le petit dossier postface bien documenté avec même des photos des chantiers et de Fulgence Bienvenüe qui a donné son nom à une station dudit métro : Montparnasse-Bienvenüe. En bon provincial breton, j'ai longtemps cru que les Parisiens nous souhaitaient la bienvenue à Montparnasse - quel honneur, mais les Bretons le méritent bien - avant de savoir que c'était un nom propre, celui de Fulgence, Lorsque j'y passe - rarement, je ne "monte" pas à Paris tous les jours -, je repense toujours à cette méprise qui me fait sourire...