À nu Paris

Igor Quézel-Perron, Louise Hourcade

Envolume

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    23 octobre 2019

    Le narrateur de ces courtes et très courtes nouvelles est un homme qui vit à Paris, seul avec son chien : "Au numéro 1 de ma rue, je vis seul. Les murs sont hauts, pour ne pas tomber." (p.17). Il flâne dans les rues de la ville, baguenaude, lève les yeux, contemple. Il rencontre aussi parfois des gens, dont Lola sa voisine du dessus dont le charme ne le laisse pas insensible et sans doute vice-versa. Il parle à son chien, qui lui répond à sa manière. Il sort au théâtre, à l'opéra, au restaurant. De toutes ces balades et sorties, il s'inspire pour écrire ses textes, puisqu'il parle à la première personne. Louise Hourcade les illustre.

    Les nouvelles se suivent et se ressemblent parfois -certaines en perdent ainsi quelque intérêt et sonnent un peu creux. Puis, avançant dans sa promenade, le narrateur se fait moins insouciant, les nouvelles moins légères, l'humour moins présent plus désespéré mais le sens de la formule poétique d'Igor Quézel-Perron, de la phrase décalée qui fait sourire et qui n'a pas besoin de beaucoup pour être explicite est lui toujours à chaque page : "La poissonnerie et l'église sont fermées. Dieu et le cabillauds sont seuls désormais.[...] Mon chien commence à grimper sur les murs. Qui suis-je, pour le juger ? Il se prend pour une araignée. Le psy me dit que je ne sais pas bien lui parler. Nous avons des problèmes. La nuit, il ronfle. Je range mal mes souliers." (p. 30)

    Malgré des phrases courtes, l'auteur donne un rythme lent à ses histoires, celui de la contemplation, de la flânerie. J'aime beaucoup cette écriture à la fois poétique et ramassée. Elle a un côté naïf et simple souligné par les dessins colorés de Louise Hourcade. Oh, Igor Quézel-Perron ne pose pas de question existentielle, il ne surfe pas sur les sujets d'actualité et rate ainsi la cible des lecteurs -et des critiques- qui ne jurent que par le réel et le sensationnel ; de même il est loin des lecteurs -et des critiques- pressés qui veulent avoir fini avant d'avoir commencé. Ses récits sont intemporels, lents, un brin nostalgiques, emplis d'émotions.