La rage sécuritaire
EAN13
9782234069855
Éditeur
Stock
Date de publication
Langue
français
Fiches UNIMARC
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La rage sécuritaire

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« À travers mon expérience d’avocat du barreau depuis plus de trente ans, et
de bâtonnier pendant deux ans, j’ai mesuré l’archaïsme de notre système et sa
dégradation accrue depuis trois ans. La France n’a jamais su trouver
d’équilibre durable entre sécurité et liberté. Mais depuis trois ans, le fléau
de la balance penche de manière inquiétante du côté de la sécurité. Comme
bâtonnier de Paris, j’ai eu affaire à deux ministres de la Justice (Rachida
Dati et Michèle Alliot-Marie). Je me suis opposé à elles, parfois sans
ménagement. Ce faisant, j’ai été un observateur privilégié de leur action. Et
je n’hésite pas à qualifier de rage sécuritaire la ligne suivie par le
gouvernement depuis trois ans.
La garde à vue en est le point le plus voyant. Le projet de réforme le plus
récent n’est qu’un habile trompe-l’oeil. Il n’apporte aucune amélioration
réelle. Plus que jamais nous restons dans une culture de l’aveu, quand le
président de la République lui-même avait appelé à une « culture de la preuve
».
Autre mesure des plus préoccupantes : la rétention de sûreté. Empêcher qu’un
criminel endurci sorte de prison après avoir purgé sa dette est contraire à
l’humanisme. C’est une manière démagogique et inefficace de répondre à des
drames que je ne mésestime pas. Dans la législation actuelle, le juge se
trouve dans l’obligation de motiver sa décision quand elle est bienveillante.
Mais il en est dispensé quand elle est sévère. Curieuse et significative
philosophie ! Les peines planchers, les mesures prises en matière de
répression des mineurs sont d’autres mesures qui concourent à jeter notre pays
dans cette voie dangereuse de la démagogie sécuritaire.
Ces orientations n’ont pas échappé aux institutions européennes. Notre pays a
été pointé du doigt à plusieurs reprises par la Cour européenne de Strasbourg.
La condamnation récente à propos des Roms n’est donc pas un accident. Depuis
plusieurs années, la France, pourtant si prompte à donner des leçons, se
retrouve en position de cancre des droits de l’homme. Or, quand la justice
boîte, c’est la démocratie qui trébuche. »
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