Jusqu'à la bête

Timothée DEMEILLERS

Asphalte

  • Conseillé par (Libraire)
    3 mars 2023

    Une frappe derrière la nuque. Le froid des abattoirs. La routine du "planton des frigos". Des phrases courtes comme un couteau plongeant dans la chair. L'abattement de l'homme abattu par les mêmes gestes mille fois recommencés. L'agonie de l'espoir. Les maigres lueurs d'espoir. Le corps d'une femme aimée. Le corps d'une autre, qui prend entre ses bras, la place de la bête morte. Cette tuerie commerciale qui ravage l'esprit. Cette routine quotidienne sur la chaine de l'usine. Cette vie dehors qui se réchauffe parfois au soleil d'une plage à Pornic, dans la solitude d'une partie de pêche, dans l'isolement de la caravane. Cette vie dehors triste. Cette vie dehors ressemble à celle du "Grand soir", les néons, le Super U chauffé ou climatisé, lieu rassurant, viandes sous cellophane, viandes poussant des caddies.

    Un court texte, mais un grand texte. Un coup au plexus. Est-ce toi Erwan qui est fou ou est-ce la vie qui est devenue folle ? Perso j'ai mon idée sur la question.


  • Conseillé par (Libraire)
    5 février 2023

    L'oppression ouvrière faite texte

    Erwan est ouvrier dans un abattoir. Cela signifie répéter les mêmes gestes dans les odeurs et le sang, dans un bruit de ferraille infernal et une cadence qui ne l'est pas moins. Les abattoirs sont remplis de travailleurs transparents, qui ne tiennent que parce qu'ils s'échappent mentalement de leur poste. Pour Erwan, cet échappatoire ne réussira pas à le soumettre à la violence de son quotidien, bien au contraire.
    Un roman poisseux, oppressant, un roman ouvrier d'une puissance invraisemblable. C'était une lecture physique, sensorielle même !

    Ronan


  • Conseillé par (Libraire)
    16 janvier 2023

    L’usine à ciel ouvert

    On ne sait pas vraiment si l’auteur à une fois mis les pied dans un abattoir mais l’écriture de l’expérience du travail à la chaîne, dans Jusqu’à la bête, est convaincante. C’est un monde clos pour beaucoup, et pourtant beaucoup trop répandu pour beaucoup, que Timothée Demeillers rend palpable grâce aux voies du roman noir.

    Erwan est ouvrier près d’Angers. Il travaille au rythme des carcasses qui s’entrechoquent sur les rails. Pour échapper à la cadence, il tombe amoureux. Un amour qu’il paiera cher et les sentences de la répétition des tâches brisera ses espérances.

    C’est donc l’écriture même, le style, qui, dans ce roman, sert la cause de la réalité de l’exploitation et de l’aliénation. Tout fait sens par le rythme. La vitesse de la chaîne épouse la structure des phrases.

    Voici un ouvrage implacable sur les réalités ouvrières et l’industrialisation à outrance le jour où le dogme néolibéral nous impose encore et encore ses dures lois.

    Julien

    Un livre recommandé aussi par Sébastien & Aurélie