Depuis la disparition brutale de son mari, Sam, la vie d'Antonia semble bien morose. Elle s'accroche à son quotidien espérant ne pas succomber à l'immense chagrin qui l'étreint. Alors lorsqu'une de ses sœurs Izzy disparaît, c'est le branle-bas de combat dans la famille, ses trois sœurs s'emparant du problème à bras-le-corps. En parallèle, une jeune femme immigrée enceinte l'appelle à l'aide. Et voilà Antonia pris dans un tourbillon d'événements qu'elles n'avaient pas vu venir...
Julia Alvarez aborde la perte d'un être cher avec délicatesse et pudeur. Le personnage d'Antonia, ô combien attachant, est finement décrit. Le manque cruel qu'elle ressent ne faisant que renforcer son opiniâtreté. Par de-là le chagrin - incommensurable, elle répondra présente auprès de ses sœurs et de cette jeune femme.
Le roman de Julia Alvarez détonne par son ton, entre justesse et humour, et n'hésite pas à étriller - par petites touches, un système de santé inique et une politique migratoire insuffisante.

Un pays en guerre, l'Ukraine. Une jeune femme prénommée "K" travaille en tant qu'archiviste dans la bibliothèque de la ville. Femme instruite et érudite, elle tâche de survivre dans ce climat hostile, tout en veillant sur sa mère mourante. L'intrusion d'un homme, alias "l'homme au chapeau", va assombrir encore davantage le tableau. "K" va devoir frayer avec l'ennemi pour sauver sa sœur Mila, journaliste alors disparue.
On retrouve la tonalité fantastique et foisonnante d'Alexandra Koszelyk : tel un conte elle nous entraîne dans le dédale labyrinthique de ce haut lieu de culture, la bibliothèque dans laquelle "K" officie. On suit les tourments de cette femme, en proie à un terrible dilemme. Elle va pourtant devoir se plier aux injonctions de l'ennemi pour sauver sa sœur... oui mais jusqu’à quel point ?
Une histoire captivante et forte qui convoque des grandes figures de la culture ukrainienne (tels Maria Primatchenko, Alla Horska, Chevtchenko...)

Il est de ces livres qui ne se racontent pas, et qui se lisent avec délectation, le temps semble arrêté. "Le muguet rouge" est de ceux-là. La plume poétique de Christian Bobin est un régal, un style précis et dense. Alors laissons-nous porter... et savourons.

Piergiorgio Pulixi revient en force avec une nouvelle enquête (corsée) pour le duo détonant Mara Rais et Eva Croce. Toujours aussi douées et toujours aussi casse-cou, elles vont devoir supporter, pour les besoins de l'enquête, un troisième acolyte, Vito Strega, éminent professeur et policier émérite venu tout droit de Milan. Et ça marchera du feu de dieu tant ces trois-là semblent fait du même bois. Et c'est tant mieux tant l'affaire sent le roussi...Un homme alias "le dentiste" jette en pâture via des vidéos bien crues ses victimes à la vindicte populaire. Et ces victimes auront tous un point commun : un crime atroce à leur actif laissé impuni. Le meurtrier décide alors en lieu et place de l'autorité judiciaire, de plutôt donner la parole au citoyen lambda pour qu'il tranche : à la vie à la mort.
Un polar savamment construit, non linéaire, passant sans cesse d'un lieu à un autre, d'une situation à une autre, sans altérer la cohérence du récit. Cette façon de procéder donne la cadence...et ce sera sans relâche. Une intrigue qui se tient et qui - comme souvent dans ce genre-là, s'inspire des pires vices humains. Un excellent polar. LE polar de la rentrée et il est italien.

Trois chapitres, trois histoires indépendantes les unes des autres, trois personnages principaux. Le fil conducteur, l'exil, le déracinement. Dans l'une, la narratrice est une jeune dominicaine qui relate sa vie d'avant, son pays puis son quotidien difficile d'exilée à Angers, en attente d'un traitement pour sa petite fille malade.
Dans la deuxième histoire, on fait la connaissance d'une femme, vietnamienne, vendant des parapluies dans une petite boutique qui ne paie pas de mine au fond d'une impasse à Ménilmontant. Elle y fera des rencontres, en attendant un ailleurs.
La troisième histoire est celle d'un fils qui enterre son père - un père aux milles vies et dont il sait finalement peu de choses. Un père par trop absent pour son fils.
L'attente, tel est le sentiment commun à tous ces personnages en transit.
Une poésie triste se dégage de ses pages, les personnages nous émeuvent et leurs histoires résonnent en nous longtemps.