Yv

http://lyvres.over-blog.com/

Je lis, je lis, je lis, depuis longtemps. De tout, mais essentiellement des romans. Pas très original, mais peu de lectures "médiatiques". Mon vrai plaisir est de découvrir des auteurs et/ou des éditeurs peu connus et qui valent le coup.

Le plus beau des bersagliers

Le Masque

6,60
Conseillé par
1 septembre 2018

Bien que de Vérone, Roméo Tarchinini, commissaire se trouve affecté à une enquête à Turin. Dans cette ville, à l'invitation du chef de la police turinoise pour expliquer ses méthodes personnelles, Roméo Tarchinini, pour qui, toutes les enquêtes doivent être vues sous l’œil de l'amour sera secondé par Alessandro Zampol, veuf taciturne, le total opposé du commissaire. Tous les deux devront élucider le meurtre de Nino Regazzi, bersaglier, Don Juan local. Les suspects sont nombreux surtout chez les maris ou fiancés jaloux.

Petite remarque liminaire à tous ceux qui, comme moi ignoreraient ce qu'est un bersaglier. Pour les autres, descendez d'un paragraphe et passez directement à la suite, s'il vous plaît sans la ramener trop, moi aussi il y a des mots que je connais et pas vous... non mais, bande d'effrontés. Bon, je disais donc qu'un bersaglier, pour la faire courte, est un soldat d'infanterie légère de l'armée italienne.

Ah, quelle joie que de relire du Exbrayat. Cette fois-ci, il nous emmène en Italie, dans une Italie caricaturale, avec des personnages qui ne le sont pas moins, mais c'est pour la bonne cause, c'est un divertissement. Tout est exagéré dans ce roman. Tout du long, j'ai visualisé Tarchinini, sorte de Poirot italien amoureux et obnubilé par ce sentiment, et les autres protagonistes, tous fort bien décrits, et leurs mimiques,leurs réactions, très appuyées, amplifiées. Ils parlent fort et avec les mains, on est plus dans Don Camillo que dans Pasolini. C'est une blague, une farce policière qui fait du bien et comme à chaque fois avec Exbrayat, ça marche, ça fait rire ou sourire et ça fait passer un très bon moment. Que demander de plus ?

Didier Fossey

Flamant Noir Editions

Conseillé par
26 juillet 2018

Boris Le Guenn, commandant et chef de groupe à la crim' au 36 quai des orfèvres est mis sur une drôle d'enquête : le corps d'un vieil homme vient d'être retrouvé, attaché à un arbre, l'homme semblant avoir été tué par une chandelle de feu d'artifice. Quelques jours plus tard, un autre homme meurt dans sa maison de retraite, et de nouveau du matériel d'artificier a été utilisé.

Dans le même temps, Boris Le Guenn, fraîchement séparé de sa femme subit le harcèlement d'un inconnu.

Retour de Boris Le Guenn déjà rencontré dans les titres précédents de Didier Fossey : "Burn-out" et "Ad unum". Dire qu'il revient pour le plaisir des lecteurs n'est pas mentir, ceux qui le connaissent rempilent avec joie, les autres apprendront à le découvrir et auront sans doute l'envie de lire ses autres enquêtes, ce qu'évidemment je ne peux que conseiller fortement. Fidèle à son habitude, l'auteur bâtit son roman en courts chapitres qui alternent les narrateurs, ce qui permet au lecteur d'avoir un temps d'avance sur les policiers. Le rythme est rapide et s'accélère sur la fin, plaisant et si l'envie vous prend, cette construction le permettant, vous pourrez toujours poser le livre aisément et le reprendre un peu plus tard sans perdre le fil. Moi qui lis beaucoup par toutes petites tranches, cela me plaît.

Venons-en au cœur de l'ouvrage : l'histoire, l'intrigue. Originale et classique, Didier Fossey lorgne vers le thriller - avec un méchant vraiment très méchant qui en veut à son flic - mais a l'intelligence de ne pas céder aux facilités du genre (bagarres archétypales et/ou enlèvement des femmes et enfants, enfin tout ce qui est prévisible et décevant dans pas mal de thrillers étasuniens notamment). C'est cela que j'aime bien, le romancier adopte les règles du genre mais les personnalise pour écrire des romans originaux. En outre, il persiste avec ses personnages forts et bien décrits, très réalistes. C'est avant tout l'humain qui est mis au centre du roman, les aides techniques et scientifiques sont là, certes, mais l'histoire tourne autour des hommes et des femmes, de leurs sentiments, leur flair, leurs intuitions ; c'est rassurant de lire que les avancées scientifiques et technologiques sont au service de l'homme et non pas l'inverse. L'histoire est originale : la mise à mort avec du matériel de feu d'artifice, des personnages venant du passé et se rappelant aux bons souvenirs des victimes mais aussi de Boris qui sera, dans un premier temps désemparé, puis avec son équipe renouvelée se mettra à la tâche avec ardeur. Sans en dire trop sur l'intrigue, pour ne rien en dévoiler, pour laisser le goût de la découverte, je dois dire que Didier Fossey s'est bien documenté sur l'arme des crimes, sur l'Aide Sociale à l'Enfance au cœur de son roman sans en faire l'administration coupable de tous les maux des enfants dont elle s'occupe - le travers de taper dessus et sur les enfants confiés aux foyers et familles d'accueil est malheureusement souvent de mise : merci Didier de ne pas y céder.

Je parle peu de l'intrigue, car j'ai peur de trop en dire, le mieux, c'est que vous apportiez ce roman en vacances pour vous faire votre propre idée, et même s'il n'est pas franchement gai - cela reste un polar, pas une comédie policière -, il tient en haleine jusqu'au bout et vous pourriez même avoir l'envie de prolonger un peu en lisant moins vite. Et si vous n'avez pas le temps de lire pendant les vacances, il fera tout aussi bien l'affaire à un autre moment, en hiver au coin du feu...

Didier Fossey en cinq romans (j'en ai deux de retard : "Traque sur le Web" - réédité dans l'excellente maison Flamant noir - et "Na Zdrowie", chez L'Atelier Mosésu, une enquête de l'Embaumeur)

Conseillé par
26 juillet 2018

Vingt nouvelles qui ont donc en commun, d'abord d'être érotiques et ensuite de se passer en vacances à la mer.

En ce début d'été qui s'annonce chaud, c'est La Musardine, spécialiste du genre érotique qui fera l'objet de ma recension.

Y a-t-il de la nouveauté dans ce recueil ? Pas vraiment, bien que je ne sois pas spécialiste du genre littéraire en question, j'ose - moi aussi - dire que les situations se ressemblent. Le paysage change un peu, surtout la température de l'eau selon que les héros sont au bord de la Méditerranée ou en Bretagne. Pour ce qui est de la température des corps, elle est unanimement brûlante voire torride, et certaines parties du corps, souvent détaillées, sont en ébullition, tant qu'elles émoustilleront les plus insensibles d'entre nous.

Dans beaucoup de nouvelles, les femmes prennent les devants - et les hommes les arrières (désolé, elle était tentante) - et se sont elles qui cherchent à provoquer le désir de l'homme qu'elles ont repéré. Est-ce parce que la majorité des auteurs de ce recueil sont des femmes ? En tous les cas, ça donne sans doute une plus grande sensualité, des scènes certes crues mais pas en enfilade (ce n'est qu'une expression, ne visualisez pas !). Allez, mes préférées pour la suite :

- "C'étaient les vacances" (Maître Vicaire Albion) : une femme trompe l'ennui et son mari en initiant un homme plus jeune et un peu emprunté (la chute est drôle et imprévisible).

- "Le paréo bleu" (Zakya Gnaoui) : une femme professeur dans une faculté parisienne et délaissée par son mari pendant un été, se surprend à avoir de nouveau du désir et à en provoquer chez les hommes.

- "Eaux troubles" (Clarissa Rivière) : Hironui entretient les piscines des riches propriétés et par extension - eh eh, le drôle est bien pourvu - les femmes désœuvrées qui les habitent (décidément).

- "La vie est à nous" (Valéry K. Baran) : rien de très nouveau dans l'histoire, mais le ton est intéressant : qu'on s’attend plus à retrouver dans du roman noir ou dans un roman étasunien, très oral (non, rien de cochon là non plus, enfin dans ma bouche... euh non, dans mon propos. Diable qu'il faut faire attention à ce qu'on écrit quand on cause de sexe).

- "Bienvenue chez les Ch'tis" (Cornelia B. Ferre) : franchement décalée, cette nouvelle est la plus originale à tous point de vue : la situation - ou les situations - (qu'il vaut mieux prendre au second degré) et le style direct, cru.

- "En repérage à la plage" (Romuald Ward) : ici, c'est la chute qui donne du relief à l'histoire

Voilà voilà, rien de nouveau donc sous le sea, sex & sun, mais de quoi agrémenter les longues journées et courtes soirées estivales, chaudes (il paraît que "l'été sera chaud, l'été sera chaud", la température pourrait bien monter dans les tentes, chalets et autres mobil-homes des heureux lecteurs et heureuses lectrices - puisque ce sont les femmes qui sont le plus à la manœuvre dans ces nouvelles - de ce titre.

Conseillé par
8 juillet 2018

Alléchant, n'est-il pas ? Sauf que le gros roman peine à vraiment débuter, installe en quelques chapitres de nombreux intervenants et distille moult détails parfois pas vraiment utiles qui allongent la sauce et ne servent qu'à me gâcher le plaisir de la lecture et de la plongée sous le règne de Louis XIV.

Beaucoup de longueurs dans un roman policier en habits qui se veut, et qui est instructif. Malgré ce dernier aspect, je ne parviens pas à résister à des bâillements et à des envies de l'envoyer promener, mais en égard à l'objet, je ne le jetterai pas et en plus vu son poids, il pourrait bien faire des dégâts chez moi. La mode des polars historiques s'étend, même si je dois dire qu'Olivier Seigneur en écrit depuis longtemps et qu'il n'y cède donc pas, il doit en être l'un des pionniers. Peut-être le retrouverais-je une prochaine fois, dans un roman plus léger ?

Conseillé par
8 juillet 2018

Marseille, années 30, la bagarre est rude pour les proches élections législatives. Face-à-face : Pierre Ferri-Pisani, socialiste, et Simon Sabiani, extrême-droite. Dans chaque entourage, des truands notoires ou en devenir. C'est dans cette ambiance chaude qu'un gardien de la paix ripoux est abattu, juste entre les deux locaux des candidats. Lequel des deux a fait le coup, chacun accusant l'autre et chacun affirmant que ce policier était de ses rangs. À l'époque, les flics sont plutôt derrière le candidat socialiste. C'est André Guibal, flic intègre et apolitique, qui est chargé de l'enquête.

Sur fond de combines, de corruption, de clientélisme, de guerre pour les différents territoires et marchés des gangsters, sur fond de la plus stricte réalité de l'époque, François Thomazeau bâtit son histoire qui aurait pu ; qui aurait dû me passionner, d'ailleurs qui débute très bien. Et puis, très vite, je m'y ennuie terriblement, il tourne en rond, se répète, sous prétexte de bien ancrer son contexte historique et ses personnages nombreux, les réels et les fictionnels. Son roman manque d'allant, de vivacité, je me retrouve au rythme de l'enquêteur, morne et lent, et rien ne me retient. Mais sans doute les Marseillais -et d'autres- trouveront ces pages de l'histoire politico-gangstero-policière de la ville intéressantes.