Florence R.

Charlotte Milandri

Équateurs

20,00
Conseillé par (Libraire)
16 août 2023

Cru

Claire est mariée avec Julien. Ils ont un fils de huit ans, Paul. Elle est avocate et jongle entre ses plaidoiries et sa vie de famille. Comme beaucoup, c'est la course, la routine, un mécanisme redoutable et somme toute assez banal se met en place fait de compromis et d'une certaine fatalité. Autrement dit, le quotidien – son quotidien est chiant. Arrive alors le point de rupture. Claire ne répond plus. Non pas, car elle sombre dans la dépression ou la folie, mais tout simplement, car son corps et son esprit ont décidé de concert d'aller faire un tour ailleurs... et cet ailleurs prend la forme d'une excursion charnelle dans l'œuvre de Jackson Pollock, le peintre. La confrontation de Claire avec son œuvre va faire littéralement voler en éclats son existence corsetée. Il devient son terrain de jeu, l'endroit où elle peut enfin jouir dans toutes ses acceptions. Et ce sera explosif.

Un roman tendu à l'extrême, une écriture sèche, sans aspérités. On suit cette femme dont les désirs enfouis vont rejaillir à la surface, atomisant son quotidien et tout ce qui l'entravait. Le curseur vacille sans cesse, on se demande jusqu'à quel point… et c'est là la force de ce récit, âpre et sans compromis.

L'Iconoclaste

20,90
Conseillé par (Libraire)
16 août 2023

Portrait de femme

Romanesque en diable, le nouveau roman de Julia Kerninon est doté du même souffle que son fabuleux "Liv Maria".
Dans cette histoire-ci, l'héroïne se nomme Ottavia, jeune femme déterminée et passionnée par la gastronomie, qui devra s'affranchir de l'écrasante personnalité de son père, cuisinier émérite. Ce dernier aura davantage d'égard pour son second Cassio que pour sa fille. Pour autant, Cassio et Ottavia ferons leurs armes ensemble et tomberons amoureux. Cette relation ne durera pas. Ottavia prendra alors son élan pour voguer de ses propres ailes. Elle s'acharnera au travail jusqu'à posséder son propre restaurant.
La rencontre avec Bensch va sceller cette émancipation. Elle aura trois enfants avec lui et continuera à s'adonner corps et âme à son métier. Au détriment de Bensch qui progressivement va souffrir de cet état de fait. Se pose alors la question pour Ottavia : Jusqu'où veut-elle aller ? Que veut-elle en fait ?
Surgit alors un ancien amant d'un soir, Clem qui bien malgré lui, lui fera prendre conscience de la complexité du couple, de sa force aussi.
Julia Kerninon dresse un portrait de femme, multiple et intrigante. Une femme qui, malgré ses doutes, sait ce qu'elle veut. Une femme en prise avec ses désirs et ses ambitions, et dont l'injonction selon laquelle il faudrait concilier les deux semble n'avoir aucune prise (à raison).
Un roman intéressant et réussit en ce qu'il interroge le couple et ses nombreuses ramifications.

Conseillé par (Libraire)
16 août 2023

Unique

Olivia Elkaïm veut comprendre, mais aussi rendre hommage à cette grand-mère maternelle, charismatique et ô combien énigmatique. Arlette, l'intrépide, Arlette qui ne s'en laissera pas conter. Arlette qui a dû faire face à la guerre, la décolonisation, l'exil... Olivia sait peu de choses sur sa grand-mère bien-aimée avec qui elle entretenait une relation particulière. Ni sa mère ni sa tante ne veulent revenir sur son passé, arguant d'un argument quelque peu fallacieux : protéger Olivia, ses enfants. Mais Olivia n'en a cure, elle veut connaître cette femme dans toute sa complexité. Alors, elle ira glaner des souvenirs de-ci de-là, tâchant de reconstituer ce passé tu. Se dessine progressivement le portrait d'une femme intranquille, et résolument libre.

Une écriture fluide et directe, un ton sans pathos, une narratrice émouvante, qui tâtonne, tentant de reconstituer le passé silencieux de sa grand-mère, et nous voilà happés par cette grande histoire familiale.

Neuf 20,00
Occasion 15,00
Conseillé par (Libraire)
16 août 2023

Une réussite

2050, tout semble aller pour le mieux dans le meilleur des mondes dans une France ultra-sécurisée, toujours démocratique… Plus de violence, plus de risque apparent, tout le monde y va de sa contribution personnelle pour qu'il n'y ait aucun débordement. Ça s'appelle "La transparence" c'est-à-dire un "pacte citoyen fondé sur la bienveillance partagée et la responsabilité individuelle". Tout est visible de l'extérieur, la bâti est conçu comme tel, tout en verrières, permettant ainsi à chacun de s'épier en toute impunité et pourvu que ce soit pour le bien commun.
Hélène Dubern, gardienne de protection de son état (en fait policière) vit avec son mari et sa fille Tessa dans un quartier de cet acabit. Ce sera elle le personnage central et clé de voute de ce roman superbement maîtrisé.
Elle semble être la seule consciente de ce qui se trame ici. La seule à ne pas être dupe, c'est pourquoi lorsqu'un drame survient sans crier gare, c'est elle qui va s'emparer à bras le corps de cette affaire. Un couple et leur enfant disparaissent sans laisser de traces. Ce qui semble être totalement incongru dans cet environnement aseptisé et ultra-policé. Et pourtant...
Un très bon roman qui joue des codes de la dystopie avec parcimonie et finesse. Les descriptions de cette société ultra-normée sont saisissantes tant elles s'inspirent de toutes les peurs, et autres diktats de la société actuelle. Le tout servi par une écriture précise et rythmée. On est happé de bout en bout. Lilia Hassaine réussit à instaurer un climat inquiétant sans illusion. Bref, une sacrée réussite !

20,90
Conseillé par (Libraire)
16 août 2023

Dans le ton

Elle, c'est Aurore, "une femme un peu quelconque" mais en fait pas tant que ça, qui semble revenu de pas mal de choses. Elle vit seule avec son jeune fils Cosma, qui possède un don de médium. Normal feu, sa grand-mère était de la partie. Cosma sera d'ailleurs le premier à pressentir sa fin imminente. À la mort de cette dernière, Aurore décide d'investir la maison de sa mère avec son fils. Direction Les Causses.

Lui, c'est Alexis Zagner, grand théatreux qui décide de filer à l'anglaise, quittant le rôle de Dom Juan qu'il avait pourtant endossé fièrement. Direction Les Causses.

Le point commun entre ces deux êtres qui ne se connaissent pas : aucun si ce n'est une envie de ficher le camp. Dans le cas d'Alexis, c'est davantage une question de survie. Dans celui d'Aurore, il s'agirait plutôt d'une envie d'en découdre. Avec à peu près tout. Avec le désir en général, des désirs quelqu'ils soient.

Ces deux-là se rencontrent par un drôle de quiproquo. S'ensuit un dialogue à bâtons-rompu. Elle mènera la danse au départ, et lui sera rattrapé par ses antécédents peu glorieux.

Un style toujours aussi vif, parfois abrupt, une plume mordante et percutante, un verbe riche. Maria Pourchet signe là un roman trépidant et intrépide, tout en prenant le temps de dire des choses sur l'époque, la désillusion, les abus de pouvoir, la détresse amoureuse, ses perversions et le poids de la rhétorique...
Avec comme fil conducteur, ce genre génial qu'est le western, pour son côté aventureux et rugueux.